Il
y a eu, précédemment, des ports d’attache trépidants
: Los Angeles, le sud de la France, Berlin. Mais c’est
dans la maison d’un hameau perdu d’une des régions les
plus perdues d’Europe que TvB a enregistré, au cours
de l’année précédente, son 5e album en solo (après les
cinq à la tête de Chokebore).
Au
centre de la composition, un fait divers, en hiver :
de nuit, un tête-à-queue sur la route enneigée, à flanc
de colline, isolée, et le sentiment d’urgence qui découle
de cette confrontation avec l’albe chute, urgence qui
s’imposera à la matière sonore des titres : you’d better
run. Ainsi, après quatre saisons d’un isolement impeccable
– délice et péril –, avec pour seule compagnie une famille
de loirs squatteurs, un chat errant et la secrète faune
des sous-bois de résineux, Troy Von Balthazar,
plus que jamais musicien intégral, nous revient enfin.
Il nous revient, accompagné de treize morceaux impérieux
(vingt furent écrits), certains galopant, comme exultant
d’apercevoir le terme, d’autres respirant ardemment,
et la voix du chanteur, libérée par l’isolement, luxe
des terres oubliées, parvient à des hauts sommets d'expressivité.
Notons que ces treize titres, s’ils font sans conteste
partie des plus riches de la carrière de leur auteur,
ont requis un personnel prodigieusement restreint, qu’en
alpinisme on qualifie de « solo intégral » : l’effectif
s’y réduit en effet à trois fortes lettres – TvB.